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Paul et Jeanne SIVADON

Écrit le 01/07/2010, dans Chroniques Mas d'Azil

Paul SIVADONPaul SIVADON

1907- 1992

Humble et visionnaire : le parcours d’un psychiatre protestant de renommée mondiale.

Paul Sivadon habitait le Mas d’Azil et rédigeait au soir de sa vie un ouvrage : « Psychiatrie et Socialités », (Erès : Edition 1993.) véritable livre de raison. « C’est un privilège, écrivait-il, lorsque l’on a dépassé quatre fois vingt ans, d’évoquer avec recul les principales étapes de son existence ». Une vie professionnelle qui fit de lui un des grands pionniers de la rénovation de la psychiatrie, aux lendemains de la deuxième guerre mondiale.

La transformation sous sa direction, dès 1947, à Ville Evrard, d’un service asilaire en un centre moderne de traitement et de réadaptation sociale, ne fut que le début d’un vaste mouvement en faveur du soin des malades et de leur rétablissement au sein même de leur milieu, accompagné d’une organisation nouvelle des institutions de soins. Celles-ci, conçues et réalisées en partie aujourd’hui, furent déjà concrétisées à partir de 1956, sous son autorité, dans les services psychiatriques de la Mutuelle Générale de l’Education Nationale (MGEN).

Cette riche expérience, reconnue en France et à l’étranger, Paul Sivadon, comme professeur Expert à l’OMS, Président de la Fédération mondiale de la Santé mentale, put la transmettre à ses nombreux élèves, à l’Université de Bruxelles, durant 20 ans, à partir de 1959.

Cet enseignement s’attacha à des questions aussi variées que la Proxémie, la Santé mentale et l’habitat, la psychologie médicale, l’écologie de la vieillesse, les maladies de civilisation, la psychopathologie du travail… Autant de thèmes qui montrent l’étendue et la richesse d’une réflexion, qui, plus que jamais, reste actuelle et nous inspire.

Docteur Jean de Verbizier,
Psychiatre, descendant de la famille de Paul Sivadon

Jeanne SIVADONJeanne SIVADON, sœur de Paul

Au début de la guerre, en 1941, elle était directrice d’une école de surintendantes d’usines et de services sociaux, quand l’une de ses élèves lui fit rencontrer Henri FRENAY qui venait de créer le réseau de résistance : « Combat » et son journal. Elle devint la secrétaire du mouvement. Elle fut arrêtée le 2 février 1942 par les services de la « Geheime Feld Polizeï », suite à une trahison. Après 21 mois en prison dans le secret absolu, elle comparut à un procès où on la condamna à mort. S’ensuivit un régime de travaux forcés à Lübeck. Puis elle fut envoyée au Camp de Ravensbrück. Dans ce camp de l’horreur, étant réduite au secret, elle portait un brassard avec les lettres : « NN » (« Natch und Nebel » : nuit et brouillard). « C’est ainsi qu’on désignait les prisonniers qu’il fallait considérer comme disparus. », dit-elle. Pendant tout ce temps, elle n’a pas perdu la foi. Elle fut encouragée, notamment, par la femme d’un pasteur de Marseille, admirable, qui, miraculeusement, avait réussi à conserver sa Bible même à Ravensbrück et répandait le bien autour d’elle, forçant l’admiration de tous. De retour au Mas d’Azil, terre de refuge et de repos, Jeanne Sivadon accepta, non sans mal, la suggestion du pasteur Atger de raconter son combat lors d’une soirée terriblement émouvante devant la population du village et ses nombreux amis. Elle conclut son récit en se comparant à « la femme de l’Evangile qui ayant retrouvé la pièce d’argent qu’elle recherchait, ouvre la fenêtre et crie à ses amis sa joie d’avoir retrouvé ce qu’elle avait perdu…. Moi aussi j’ai retrouvé ce que j’avais perdu : la liberté et c’est encore une joie de tous les instants. Et je suis bien de l’avis du pasteur Roland de PURY, lorsqu’il dit qu’il faudrait que nous recevions chaque heure de notre vie, comme le captif reçoit les premières heures de sa liberté… »